Survivre à la fausse fourrure en 15 leçons

Ces dernières semaines, une partie de mon stock de tissus s'est invité directement dans mon atelier, et cette partie est principalement composée de fausse-fourrure. Imitation astrakan, imitation loup, imitation marmotte, imitation plein de jolies choses toutes douces. Et des pas du tout imitation, vertes, violettes, ou turquoises. En bref, la fausse fourrure, il y en a de tous les styles possibles chez Green Martha - mais toujours douce, lustrée et moelleuse. J'ai un rapport très... sensuel au toucher de la fourrure et je n'ai laissé rentrer dans l'atelier que de la belle qualité.
A réaliser des manchons, sacs-manchons, pochettes-manchons en fausse fourrure, j'ai expérimenté un certain nombre de moments... intéressants dans l'atelier (mais je n'ai pas pu jurer trop fort, les enfants dorment à 2 heures du mat' ! Ô frustration de la noctambule !). Ma machine à coudre a semble-t-il survécu jusqu'ici aux épreuves que je lui ai infligées, et je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de lister quelques stratégies de survie pour ceux et celles qui voudraient se lancer dans l'aventure. Parce que la fausse fourrure, c'est beau, c'est doux, ça donne envie de se rouler dedans (enfin ça, c'est peut-être seulement moi).
  1. Chacun son tour !
    On marque et coupe les pièces une par une, pas de double épaisseur. On pense à retourner les pièces symétrique.
  2. Dans le sens du poil...
    On fait attention au sens des poils - une fois le fourrure portée, la pointe des poils doit être vers le bas.
  3. Un (petit) pas en avant...
    On utilise un ciseau court et bien aiguisé, et on coupe uniquement la trame (pas les poils !), par petites avancées, quelques millimètres à la fois.
  4. ... deux pas en arrière
    On avance tout doucement, et on recule un peu la lame si on sent que ça "résiste" - c'est qu'on est en train de couper les poils. On n'a pas envie de couper les poils parce que 1° ils sont jolis, on les aime bien, 2° c'est bien la définition de fausse fourrure, non ? et 3° des poils coupés, c'est l'assurance d'une couture qui se voit.
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    Poils coupés (volontairement) sur les
    grandes longueurs, intacts sur les petites
  5. Dépoussiérage
    Une fois la pièce coupée, on secoue au-dessus de la table ou du sol... et on nettoie les quelques poils qui tombent (malgré les précautions précédentes) tout de suite.
  6. Mise en place
    IMG_0440En épinglant deux pièces ensemble, on repousse (du doigt ou avec une épingle) les poils vers l'intérieur de la couture, loin des valeurs de couture. D'une part ça diminue l'épaisseur des couture à l'intérieur, mais en plus ça rend la couture moins visible de l'extérieur.
  7. Valeurs de couture
    On se rappelle que la fausse fourrure s'effiloche en général peu (et ne demande donc ni surfilage, ni une très large valeur de couture), mais qu'elle a tendance à bouger sous le pied de biche, du fait des poils et de son épaisseur : on épingle régulièrement et on surveille que les valeurs de couture ne dansent pas la gigue en cours de couture.
  8. Lever le pied...
    Pour glisser de grosses épaisseurs sous le pied de biche de la machine à coudre, on soulève le pied - le levier qui permet de l'abaisser permet aussi de le soulever temporairement !
  9. ... et appuyer fort
    IMG_0446On augmente la pression du pied presseur (si la machine possède cette option).
  10. Les bons outils
    On choisit une aiguille appropriée, type "tissus lourds", et un fil suffisamment solide.
  11. On est pas pressés
    On coud lentement, surtout si on travaille sur de grosses épaisseurs, et avec un point pas trop court (longueur 3 ou 4 minimum).
  12. Les bons outils, encore
    Pour les fausses fourrures du type peau retournée, où l'envers a un aspect daim ou cuir, on utilise un pied presseur Teflon, ou une semelle Teflon sur un pied presseur normal. Bon, en fait, je commence à me demander si je ne vais pas généraliser l'usage du pied Teflon, ça aide grandement pour les grosses épaisseurs.
  13. Just drive the bus
    On ne brutalise pas sa machine, qui souffre autant que nous quand on lui demande de piquer 5mm d'épaisseur. Si les tissus n'avancent pas, on tire doucement les extrémités des fils vers l'arrière. Autant que possible on laisse la machine faire avancer les tissus et on se contente de guider (c'est valable en toutes circonstances, mais les lenteurs sont plus courantes quand on travaille en grosses épaisseurs).
  14. Toilettage...
    Une fois la couture terminée, on la retourne, et avec le bout rond d'une épingle on fait ressortir les poils qui ont pu être pris dans la couture (ce qu'on a essayé d'éviter en 6). En ébouriffant un peu les poils on arrive à des raccords presque invisibles (avec de la fausse fourrure de qualité).
  15. ... et shampooinage
    On nettoie souvent sa machine (à la bombe d'air ou à l'aspirateur, puis au pinceau, un petit coup d'huile éventuellement si votre modèle le demande) et son espace de travail. Pour la machine, mais aussi pour les ventilos de l'ordinateur portable juste à côté. On ne s'étonne pas de voir son aspirateur se remplir euh... vite.
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Oh, mais... y aurait pas besoin d'un petit nettoyage des fois ? (on démonte l'aiguille, le pied presseur, la plaque de dessous, on enlève la canette... et ils y en avait encore sous la boîte à canette !)
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Et avec ça, on fait quoi ? On fait un nouveau modèle de manchons ! Fausse peau retournée, extérieur beige, fourrure blanche (toute toute douce), boucles et chaîne de la bandoulière couleur bronze ancien. Le manchon est décoré d'une impression manuelle de ma plaque de linoléum "Santa Muerta" - une pièce totalement unique et originale ! Et comme j'aime pouvoir toujours trimballer un peu de barda avec moi, il y a deux petites poches sur le côté du manchon.

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