Collagraphie

Pour être tout à fait honnête, j'ai bien cru ne pas le faire, ce post. La journée a été longue, je me suis disputée avec mes encres, ma conscience et une bonne partie de mon papier, j'ai tâté de la joie de tenter de revendre des vieux bouquins (comment ça, vous le reprenez pas, c'est une vieille édition ? Il a trois ans ce bouquin. La grossesse et les bébés. Qu'est-ce qui a changé en trois ans sur comment poussent les bébés ?!?*), j'ai fait des courses et évidemment oublié la moitié de ma liste, et en plus, y avait plus de chocolatines.
En résumé, j'étais pas très contente de moi au dîner (qui fut prêt en retard pour couronner le tout).

Mais comme je suis une brave fille bien auto-disciplinée, je me suis prise par la peau du popotin et assise à taper. Et aujourd'hui, je vais vous parler de collagraphie.

Kesséksa ?

Un gros mot ?
"La collagraphie est un procédé par lequel on fabrique une matrice destinée à être imprimée en creux ou en relief, ou les deux simultanément, en créant des dénivellations par collage de matériaux divers.  Le procédé le plus fréquent consiste à créer une matrice sur un support de carton, mais on peut aussi utiliser une plaque de matière plastique."Source : La Guilde graphique, galerie montréalise**
J'ai fait version bricolo : un bout de carton que j'avais dans mon armoire à fournitures***. Le but est de donner un peu de texture à la partie basse de ma prochaine linogravure. Donc j'ai pris ladite plaque comme gabarit, retaillé pour n'avoir que la partie qui m'intéressait, et fait un rapide croquis des zones à travailler. Je n'ai pas besoin que ce soit très précis (ou je ne suis pas très précise et je contourne la difficulté, en clamant très fort "It's not a bug, it's a feature !", au choix).
IMG_8113Ensuite, je suis allée piocher dans mes réserves la dentelle-que-je-me-demande-pourquoi-je-l'ai-achetée-un-jour. Oh le joli bout de rideau ! hein.
Mais enfin, ça convient à mes desseins.
IMG_8114J'ai taillé dans le vif. Les bordures et feuilles pour le plus gros du motif, et les petites fleu-fleurs de l'autre côté. Fixées à la colle en bombe - un coup de bombe sur le carton, on pose la dentelle - de travers -, on corrige, on s'en met plein les doigts, on répète l'opération, on découpe ce qui dépasse hors du carton. On s'en remet plein les doigts.
Ensuite, si on veut pouvoir utiliser sa plaque pour faire des impressions - autrement dit : mettre de l'encre dessus et des solvants**** -, il faut la rendre un minimum résistante aux dits produits. Pour ma part, j'ai utilisé un vieux tube d'acrylique. Rouge brique.
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En poussant bien la peinture dans tooooouuuuus les recoins. Ca protège et ça tient tout en place.
Comme je n'ai pas de presse pour eau-forte à la maison (ouin, ouin, j'ai dit ouin ?), j'ai travaillé en relief. Je passe l'encre au rouleau sur les zones en relief (donc), je pose mon papier dessus, je passe mon baren - par-dessus une feuille de papier cuisson pour le pas abîmer le dos de la feuille.
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IMG_8160Pour le fond, j'ai travaillé sur papier humide - je préfère en général le papier sec pour la linogravure, mais là, j'utilisais une encre métallisée avec laquelle je n'arrive à obtenir que des résultats trop légers sur papier sec. Donc hop, on prend la feuille, on la plonge dans un bac à photos un plat Ik*a rempli d'eau, on l'égoutte, on la presse entre deux serviettes éponges.
Et voilà !

Pour ce que je veux en faire, l'effet de flou me convient. Pour les autres tirages que j'ai tenté avec une autre plaque par contre, c'était loupé. J'ai encore du travail pour bien m'entendre avec les encres. Ou pour finir d'utiliser les encres avec lesquelles je ne m'entends pas.

Toi lecteur averti, tu auras remarqué à quel point mon installation de gravure est hautement complexe et pas du tout liée à ma cuisine. Pour te prouver que vraiment, je travaille avec des outils ultra-perfectionnés et une technologie de pointe, je te laisse juger de mon système dédié au séchage des épreuves. Garanti à l'abri des chats et des enfants !
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Le petit lièvre (qui n'est pas un lapin !! Un la-pin ! Une Grenobloise ne s'amuse pas sans une très bonne raison à faire une illustration d'un lapin vert) n'est (donc) plus vert, mais rouge brique******, et il boit clairement son thé maintenant. Et je ne pense pas rajouter de troisième couleur à ma "plaque suicide". Courageuse, mais pas téméraire.
Comme dit cette fabuleuse graveuse, victoire des épreuves sur les ratés, 10 à 6 !

*du coup, si quelqu'un cherche un Laurence Pernoud J'attends un enfant (pas la toute dernière édition, du coup) et/ou Guide de la future maman (de je-sai-plus-qui-mais-il-est-pas-mal-fait), c'est cadeau contre frais de port. J'estime que je n'en ai plus besoin, m'étant en deux grossesses prouvé à moi-même que je savais faire les bébés, et n'ayant par ailleurs pas l'intention d'augmenter les capacités de génération d'entropie de notre foyer.
**oui, je vous parle de trucs suffisamment obscurs pour n'exister ni dans le Larousse, ni à l'Académie Française, ni sur Wikipedia. Ca fait un peu snob.
***oui, depuis le réaménagement partiel de l'étage, j'ai une armoire à fournitures un peu mieux rangée, je suis même en train d'y transférer encres, rouleaux et autres.

****le solvant dans mon cas est l'eau. J'utilise des encres à base d'huile (pour gravure en creux et en relief) ou d'eau (pour la gravure en relief seulement) mais qui se nettoient toutes à l'eau. Le white-spirit, ça va un moment.*****
*****oui, je sais, avoir une conscience environnementale ET faire de la gravure, c'est challenge, je sais. Mais ça se fait.
******il est possible que j'ai un problème relationnel avec les couleurs qui débouche sur une obsession pour le rouge brique. Possible.

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