Casaquin plissé, part one

Comme je l'avais laissé promis, je vous fais un petit retour d'expérience sur notre atelier de confection de casaquisn plissés. En plusieurs bouts, parce que sinon je vais encore en écrire beaaaaaauuucoup trop long à digérer en une seule fois, et plutôt un retour d'expérience qu'un vrai tuto pas-à-pas, car je découvre au fur et à mesure que j'avance sur ce projet des choses à clarifier ou améliorer encore.

Le concept

IMG_9057On prend mes koupines Eysmé et Heileen, on envoie mes enfants deux jours chez Nounou et on ressort avec chacune un casaquin plissé. Bon, ça c'était l'idée. Dans la réalité, les choses sont toujours un peu plus... intéressantes.
Si l'on trouve aujourd'hui pas mal de patrons prêts à l'emploi pour diverses pièces d'habillement XVIIIe, il ne faut pas oublier que les choses se passaient différemment à l'époque et que les vêtements étaient le plus souvent taillés et ajustés sur le porteur. Je vous la fais courte, et je vous renvoie à Costume Close-up où Linda Baumgarten détaille mieux que moi les modes de construction du costume du XVIIIe - pour ceux qui ont eu la chance de l'acheter avant qu'il ne soit épuisé et que le prix ne grimpe en flèche. Gasp, je viens de découvrir ça :s Pour les autres, je vous fais donc un rapide digest.
IMG_9046A l'origine, il était plus question de robes à la françaises que de casaquins plissés, mais au final nous nous sommes toutes les trois décidées pour un casaquin - je n'en suis pas mécontente, je pense que les plis des côtés auront été plus faciles à gérer pour une première expérience. La démarche de base reste la même : la robe est plissée et moulée sur une doublure ajustée, directement sur sa propriétaire. C'est un concept qui ne fonctionne vraiment bien qu'en le conjuguant avec un dé à coudre et une aiguille. Dire que ce n'est pas adapté à la machine est un euphémisme. Curieusement, la machine à coudre n'existait pas à l'époque, les tailleurs ne devaient donc pas être trop frustrés de ne pas s'en servir.

Petit point couture main

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Faire son casaquin à la main, ça ne demande pas d'avoir inventé l'eau chaude en matière de couture manuelle. Linda Baumgarten ne recense que des points basiques : point avant, point arrière, point d'ourlet (ou point glissé), et par endroits une combinaison de point avant et point glissé, le point à rabattre sous la main.
Mon appareil s'étant révélé particulièrement peu coopératif (le fil qui se cache trop bien dans les tissus n'aide pas non plus) pour illustrer mon propos d'exemples concrets, la démonstration va passer par de jolis schémas, toujours tirés du même ouvrage.
Point avant Point arrière Point à rabattre sous la main
De gauche à droite : point avant, point arrière, point à rabattre sous la main.
Le répertoire nécessaire pour ces casaquins, au niveau des points de couture, c'est donc plutôt limité. Un petit peu d'exercice pour les faire bien réguliers et petits - et une aiguille fine dans mon cas.
Pour le point à rabattre sous la main, je ne suis pas encore très satisfaite de mon résultat. Il faut piquer dans le tissu extérieur un peu sous la doublure. Ca reste très discret sur l'endroit (cf. juste au-dessus, à gauche).
Casaquin en gros de Tours, Villa Rosemaine
Pour finir, deux choses sur la couture main : d'une part, ce n'est pas si long à faire que ça, quand on compare au temps nécessaire pour préparer correctement une couture à la machine. On peut regarder, je sais pas, Doctor Who ou Game of Thrones en même temps. Pour ce qui est de la solidité, par expérience les coutures mains sont méga-plus chia**tes à défaire au découd-vit' que celles à la machine. Un petit point arrière de temps en temps dans les coutures au point avant suffit pour sécuriser le tout.
A titre d'illustration, une photo de détail d'une pièce d'époque où l'ont voit très bien les petits points apparents sur l'extérieur du vêtement.

Les ingrédients


IMG_8598IMG_8595Avant de se lancer dans l'aventure, on avait quoi ? Et bien pour commencer, les dessous ad hoc. Je sais, je me répète, je me fais l'effet d'un vieux disque rayé. Dans l'idéal, il nous faut donc :
  • chemise
  • corset
  • paniers
  • jupon(s)
IMG_8594Le corset et les paniers sont relativement évidents pour avoir la bonne forme. La chemise, rappelons-le à Eysmé (c'est toi qui as demandé de la bottoculthérapie :p ), permet de tenir la poitrine par le haut et de savoir où fixer le décolleté du casaquin.
Pour les jupons, ils forment une épaisseur sur les dessus des paniers sur les côtés. Si vous drapez les plis du côté de votre casaquin sans ça, les côtés du vêtement vont remonter et plisser au-dessus de la taille quand vous porterez l'ensemble.
Comme les lecteurs perspicaces l'auront remarqué, nous ne sommes pas irréprochables sur les dessous (qui a dit : "organisé à l'arrache" ?). Pour le volume, ça va, pour les détails... nous en sommes toutes les trois arrivées à la conclusion de "il me faut un nouveau corset". Pour le détail plus précis de la longueur de mes jupons, je les avais faits pour un costume porté il y a bientôt 4 ans, alors que j'étais enceinte de 7 mois. Du coup, maintenant, ça pendouille un peu devant.

Trois casaquins, trois projets

Milieu XVIIIe, Christie's, via Heileen
1780-90, Manchester Art Gallery
via Heileen
Heileen a fait un fantastique travail en amont de recensement des gravures et pièces de musées. Si le principe de base du caraco plissé est simple (comme une robe à la française, mais coupé au niveau des hanches ou à peu près), dans la pratique il y a eu un bon paquet de variations. Avec des plis plus ou moins larges, fixés plus ou moins bas derrière - mention toute spéciale pour le modèle choisi par Eysmé, qui combine les plis atypiques du caraco de droite avec un devant ouvert comme une polonaise. Tout comme sur les françaises, il peut ou non, selon le style et la période, y avoir des plis ("robings"... rhah je ne trouve toujours pas comment ça se traduit en Français !) le long de l'ouverture devant. On en trouve à compères, à manches courtes ou longues, parfois même droites.
IMG_8578Nous nous sommes dont munies de notre board d'inspiration, de ciseaux, de crayons, d'épingles, d'aiguilles et de fil, d'un bon métrage de coton Ik*a pas cher (pas forcément un très bon choix, il est un peu mou le Bomull), de pas mal de patience, et des tissus que nous avons choisis.
Je finirai là-dessus pour aujourd'hui : les tissus. Pour des raisons budgétaires, nous nous sommes toutes les trois rabattues sur des pas-de-la-soie. Ce qui nous amène, fatalement, plus dans la seconde moitié du siècle que dans la première. Il y a donc eu, classiquement, de l'indienne - au passage, celle du dessus de chez Ik*a (encore !) sur le dessus est très agréable à travailler, et pas trop lourde, ce qui s'est avéré un atout par rapport à ma popeline très serrée blanche à fleurs roses. Idem pour le mélange coton-lin rayé en dessous. Les tissus serrés, c'est lourd, ça tire sur la doublure, et c'est la chienlit pour piquer les épingles quand il y a trop d'épaisseurs. Je le saurai pour la prochaine fois.
Les rayures, donc, teintes fil-à-fil (et non pas imprimées), qui sont sur-représentées dans les témoignages, mais sous-représentées dans les reproductions. Ca tombait bien, mon fournisseur de came attitré avait tout une série de lin-cotons rayés dans des teintes indigo. Attendez-vous à en voir passer d'autre dans des accessoires middle-class.
Aucun des tissus choisis n'est parfaitement histo, mais bon, ça s'approche pas mal et c'est déjà ça.

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